Choc culturel et adaptation

Choc culturel

Kalervo Oberg a été le premier anthropologue à utiliser l’expression «choc culturel», qui se résume à une expérience de stress et de désorientation vécue par la personne devant apprendre à vivre dans une nouvelle culture. Le choc survient parce que l’individu quitte un milieu familier pour se plonger dans un milieu inconnu. Il survient alors une perte des nombreux repères qui orientent son action de tous les jours. Changer de milieu est un défi passionnant, qui comporte toutefois son lot d’anxiété et de stress.

Lorsqu’une personne est confrontée à une nouvelle culture, tous les repères et indices sur lesquels elle se base dans sa vie de tous les jours pour agir efficacement disparaissent. La culture régit chaque aspect de nos vies: quand donner une poignée de main, quoi dire lors d’une rencontre, quand et quel montant d’argent laisser en pourboire dans un bar ou au restaurant, comment faire des achats, quand accepter ou refuser des invitations, etc. Ces gestes anodins doivent être réappris lors d’un changement de milieu culturel. Les valeurs et les croyances de votre nouvelle société d’accueil peuvent également différer ou entrer en contradiction avec celles de votre pays d’origine. Finalement, en vous installant dans un nouveau pays, vous devez reconstruire entièrement votre réseau social et faire de nouvelles connaissances, ce qui nécessite beaucoup de temps et d’énergie.

Le choc culturel peut être représenté par une courbe divisée en quatre grandes étapes: lune de miel, confrontation, ajustement et aisance biculturelle. Ces étapes se mélangent, s’entrecroisent et ont une durée différente selon les personnes.

Lune de miel

Dans les quelques jours ou semaines précédant et suivant votre arrivée au Québec, vous éprouvez des sentiments d’euphorie et d’excitation. Vous avez alors beaucoup d’attentes concernant votre séjour. À l’arrivée dans votre nouveau pays, tout est nouveau, exotique et tout semble parfait. Vous avez une attitude très positive, vous avez envie de tout voir, de tout goûter et de faire de nouvelles expériences.

Crise ou confrontation

Cette étape coïncide normalement avec le début de la routine, qui correspond souvent avec le début des cours à l’université. C’est à ce moment que vous passez de la phase «vie touristique» à la phase «séjour à l’étranger». C’est une période de désillusion où les différences entre le Québec et votre pays d’origine vous sautent aux yeux. Vous idéalisez le pays que vous venez de quitter et vous posez un jugement plutôt négatif sur le Québec. Vous vous sentez désorienté par la perte de vos repères habituels et éprouvez de la difficulté à agir efficacement dans la société. Vous pouvez être affecté par un ou plusieurs des symptômes suivants: confusion, frustration, impuissance, isolement, nostalgie et mal du pays, ennui, perte d’appétit, irritabilité, stress, hostilité envers le pays d’accueil et ses habitants, fatigue et mal de tête.

Ajustement

L’adaptation est graduelle et exige du temps et de la patience. Peu à peu, vous apprenez à accepter, sans juger, la culture québécoise, les gens, leurs coutumes et leurs valeurs. De fil en aiguille, vous commencez à construire votre réseau social, vous vous sentez moins isolé et, comme vous commencez à comprendre les us et coutumes de la société, vous vous sentez moins impuissant, plus compétent. Vous trouvez un juste milieu entre les valeurs de la société d’origine et celles de la société d’accueil. Le nouveau devient petit à petit l’habituel.

Aisance biculturelle

C’est un long processus qui peut prendre plusieurs années. Vous atteignez l’aisance biculturelle lorsque vous vous sentez autant à l’aise dans votre culture d’accueil que dans votre culture d’origine. Vous comprenez la culture d’accueil et vous êtes en mesure de l’expliquer à un nouvel arrivant. Si vous partez, vous allez amener une partie de cette culture avec vous.

Surmonter le choc culturel

Il n’y a aucune solution magique pour surmonter le choc culturel. Chaque personne doit apprendre à trouver un équilibre personnel entre les valeurs de son pays d’origine et celles de son pays d’accueil. Mais déjà le fait de savoir ce qu’est le choc culturel et de pouvoir nommer ce qu’on ressent, est soulageant. Les meilleures stratégies à adopter sont de se donner du temps, de résister à la tentation de se replier sur soi et d’avoir des attentes moins élevées par rapport à soi-même et au pays d’accueil.

Pistes d’action pour faciliter votre adaptation

  1. Socialisez avec les Québécois

    Posez des questions pour en apprendre davantage sur le pays d’accueil. Le Bureau de la vie étudiante organise, en plus des nombreuses activités d’accueil offertes chaque session, un Programme de jumelage qui peut vous aider à rencontrer des Québécois

  2. Évitez l’isolement: sortez, rencontrez des gens, participez à des activités
    Une bonne façon d’éviter l’isolement peut être de vivre en résidence, du moins pendant les premières sessions.
  3. Soyez curieux: lisez et renseignez-vous le plus possible sur le Québec
  4. Soyez tolérant, ouvert d’esprit et flexible
  5. Évitez les jugements trop hâtifs
  6. Parlez de votre expérience

    Discutez avec quelqu’un qui a déjà vécu une adaptation culturelle ou écrivez un journal de bord.

  7. Apprenez le français, et le québécois!
  8. Continuez à pratiquer les sports et les loisirs que vous pratiquiez dans votre pays.
  9. Impliquez-vous dans votre nouvelle communauté, faites du bénévolat ou joignez une association étudiante par exemple.
  10. Revenez sur vos objectifs de séjour à l’étranger
  11. Gardez contact avec votre pays d’origine, votre famille et vos amis.
  12. Et avant tout: soyez patient avec vous et avec les autres.

    Gardez toujours en tête que l’adaptation au changement est un processus progressif qui ne se réalise pas du jour au lendemain. L’adaptation nécessite des ajustements de vos comportements de tous les jours et de vos réactions affectives. Elle implique également de nombreux apprentissages. Vous risquez fort bien de vous découvrir de nouvelles aptitudes jusqu’alors insoupçonnées. N’oubliez pas que toute adaptation est un processus normal et positif!

Sources
Du choc culturel à l’intégration, Sonja Susnjar. Article tiré du Bulletin Vies-à-vies, vol. 4, no.5, avril 1992, Université de Montréal.